Papillons – Insectes, animaux de nos forêtsles 1er, 2 & 3 avril 1994

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Vendredi 1er avril de 9 à 18 h / samedi 2 et dimanche 3 avril de 10 à 18 h au centre culturel salle 1 : Grande exposition de papillons, d'insectes et d'animaux de nos forêts (naturalisés). Plus de 16 000 espèces du monde entier. Entrée Gratuite. Les papillons diurnes et nocturnes, constituent un des plus importants ordre d'insectes, les lépidoptères, avec plus de 100 000 espèces. Leur succès auprès des collectionneurs s'explique par la grande taille et l'éclat des couleurs d'un grand nombre d'espèces. Certains insectes rendent des services d'intérêt vital tels ceux qui permettent la pollinisation des plantes dont nous tirons une partie de notre nourriture. C'est pourquoi nous avons tout intérêt à apprendre à connaître le mieux possible ces insectes utiles et à venir les découvrir.

Extrait du bulletin municipal n°158 du mois de mars 1994

Coye-la-Forêt : inoffensives collections...

Papillons, insectes et autres animaux naturalisés étaient soumis récemment à la curiosité d'un large public. Aucune objection ? Voire...

A l'initiative de l'association La Sylve, une exposition d'animaux naturalisés vient de se dérouler au Centre culturel de Coye. A l'entrée de la salle polyvalente, des enfants, pour 10 F, gagnaient un insecte ou un papillon comme on gagne un poisson rouge à la kermesse de l'école. Avec pour différence, mais qui a son importance, que dans le second cas, l'animal est vivant.

D'ailleurs, excepté quelques arachnides non identifiés mais « très dangereux » et placés dans des aquariums, toutes les bêtes, grandes et petites, avaient rendu l'âme transpercées par une balle ou une aiguille. Un couple de renards avec leur petit, deux pies devant une coquille vide, des blaireaux, des lapins et le grand cerf, regardaient avec leur œil de verre fixe, un coin de nature entièrement reconstitué.

Lors de cette exposition d'animaux naturalisés étaient invités taxidermistes et collectionneurs.

Sous la tête d'un chevreuil, vendue 8 000 F (« avec facilités de paiement ») des centaines, voire des milliers d'insectes étaient exposés sous de grandes vitrines posées sur les tables.

Et les yeux des enfants, qui ne sont pas de verre, pouvaient observer à loisir « ces merveilles de la nature ». Comment ne pas être surpris par la taille (10-12 cm) de l'Eurycanthia Calcarata de Nouvelle-Guinée ou le magnifique Eurycnema Goliath Morobe de Papouasie, les papillons phosphorescents comme le Morphidae de Colombie ou le Nyphalidae du Pérou.

On avait même épingle la photo du chasseur de papillons de Guyane, suivie de la photo du papillon encore vivant, agrafée sous le papillon mort.

Mais, comment fait-on pour rapporter de véritables colonies de Carabidae ou encore ces insectes géants, mais anonymes, dont les longues antennes courbes couvrent le corps comme un voile ?

Aidé par les missionnaires, on les chasse aux quatre coins de la planète (on les chasse même sur les coteaux de la Somme (1)), on les enferme dans des flacons de chloroforme, on se garde bien de montrer les papillons protégés, et l'on place une urne à la sortie des expositions-ventes, « afin de financer les voyages ».

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Le Courrier Picard 15 avril 1994 icone PDF

« Bravo pour votre nature morte », a-t-on écrit sur le Livre d'or. « Superbe, mais laissez-en quelques-uns vivants »...

Serge Boutineau, conservateur du musée d'entomologie de Saint-Quentin (Aisne) est formel. « Je suis totalement opposé aux collections. Si la collecte avait ses raisons d'être au siècle dernier, il y a, à ce jour, trop d'animaux en voie de régression. Les sources photographiques et les collections des musées devraient être les deux seuls dépositaires légitimes de ce patrimoine ».

Il évoque une espèce rare, l'Apollon des Alpes qui a succombé devant la razzia des collectionneurs. Mais il cite également 5 à 6 milliards de pigeons migrateurs américains qu'on tirait à coups de canon. Le dernier est mort en 1916.

« Le respect de la vie est primordial, celui de l'espèce comme de l'individu, de la faune comme de la flore ».

Le libraire d'Orry-la-Ville avait extrait de ses fonds plusieurs ouvrages sur les insectes plus documentés que les «g ravures du XIXe à 150 et 300 F garanties anciennes ». Et, dans le hall, des papillons volaient, malheureusement, sur un trop petit écran...

J.P.S. – Le Courrier picard 15 avril 1994

(1) Les lépidoptéristes parisiens chassent de nuit dans des lieux choisis pour leur biotope et en accord avec les élus locaux.